Sur le chemin de la découverte
Au moment de traverser du Pérou à la Bolivie, bien peu d’entre nous auraient pu discourir de ce pays, de ses habitants, de sa vie économique ou politique. Nous voici donc tout à fait prêts pour l’exploration et la découverte.
La plus marquante et la plus importante expérience est sans doute notre rencontre et notre travail avec les orphelins de Vallegrande. Ils sont 104, âgés de 4 à 18 ans à fréquenter les écoles de la ville, à faire de la peinture et de l’artisanat, à participer à l’entretien de l’orphelinat et aux travaux de leur ferme. Ils ont eu tôt fait de susciter notre affection avec leurs yeux accrocheurs et leur sourire engageant qui masquent un peu leur histoire personnelle de perte, d’abandon, de maltraitance et d’abus dans certains cas. En contre-partie, il apparaît d’emblée que leur vie à l’orphelinat se déroule dans une atmosphère de respect, d’attention, d’amour et de soutien pour leur développement optimal.
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Yvon Sabourin,[1] montréalais qui se consacre à ces enfants depuis 13 ans, oriente les travaux de notre expérience de solidarité.
L’équipe des plombiers et électriciens assure l’alimentation adéquate de la cuisine et de la salle à manger déjà en construction en plus d’aménager une salle de lavage fonctionnelle. Une autre équipe entreprend de redonner une aire de jeux aux enfants: nettoyage et nivelage du terrain, transport et épandage de sable, transport et mise en place de pierres, créant ainsi une base solide avant d’épandre éventuellement le ciment. Une oeuvre collective d’environ 1500 pi.car. qui s’est réalisée en 8 jours avec la contribution enthousiaste et importante des enfants.
Une troisième équipe s’est dédiée aux travaux de la ferme de l’orphelinat : sarclage, récolte et plantation de 20,000 nouveaux plants de fraises, collecte et triage des 1500 oeufs chaque jour, création d’un enclos pour les poules et plus encore. Encore une fois, les expériences professionnelles ont été utiles mais surtout les origines campagnardes de plusieurs d’entre nous ont refait surface et ont été mises à profit avec enthousiasme.
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Notre modeste contribution au mieux-être des enfants ne pourra tout changer de leur situation. En plus de leur condition d’orphelins, 65 % d’entre eux souffrent de la maladie de Chagas. Le parasite “vinchuca” qui transmet la maladie, se développe et vit dans les maisons en adobe et les toits de chaume qui existent encore dans les milieux plus pauvres. Le cerveau, le foie, les intestins et le coeur peuvent être atteints et l’espérance de vie n’est que de 30 ans à moins que la médication spécifique ne soit administrée à temps pour arrêter l’évolution de la maladie. Cette médication étant très chère, les conditions économiques des familles ne le permettent que très rarement. Par contre, les enfants de l’orphelinat bénéficient d’un suivi médical rigoureux.
Beaucoup d’enfants en Bolivie vivent dans la pauvreté. A Vallegrande, pour exemple, une ville de commerçants où transitent les bovins destinés aux abattoirs, il persiste des taux de chômage très élevés et partant, des conditions de vie très diffíciles. L’exploitation du gaz naturel, richesse de ce pays, accorde toutefois des espoirs. La ville El Alto, voisine de La Paz, connaît une croissance démographique de 10% par an et la moyenne d’âge n’est que de 26 ans. Des efforts remarquables sont faits pour concevoir et mettre en place les infrastructures et les services nécessaires. Ainsi, avec Caroline Marcel, montréalaise coopérante de CUSO, nous avons rencontré les représentants et la fondatrice (également conseillère municipale) de l’”Asociación Artesanal Boliviana Asarbolsem”. Nous avons pu apprécier la qualité du travail et la détermination de ces 325/350 artisanes à améliorer leur condition économique. Leur devise est d’ailleurs “Con Economia Solidaria y Comercio Justo ¡OTRO MUNDO ES POSIBLE!
Prêts pour une autre découverte ? “Ouvrez les yeux” nous disent la guide et padre Roger.
La Paz!!!!
Dans sa cuvette (de 4000m à 3200m ), entourée d’une centaine de sommets enneigés de plus de 5000 mètres !!!! Une vision unique et inoubliable! Près de 2 millions de personnes s’y entassent, les pauvres dans les hauteurs, les plus riches en bas. Les commerces de tous genres envahissent littéralement les trottoirs et les rues dès 7h00 jusque tard le soir et les minibús “collectivos”
serpentent en tous sens. Dans le canyon et les cheminées de fées de la Vallée de la Lune nous réalisons une expéditiondans un décor inusité et vraiment bien nommé. La soirée avec les musiciens et les danseurs de folklore a scellé notre enchantement de découvrir cette capitale,
la plus haute du monde!
Les guides touristiques ne parlent pas de Vallegrande autrement qu’en référence à la Ruta de Ernesto “Che” Guevara. En effet, ce révolutionnaire adulé, vénéré, méprisé ou condamné a terminé son combat dans cette région. A La Higuera, des témoins nous racontent la capture et l’assassinat (octobre 1967) de personnage controversé et le transport du corps à la lavanderia de l’hôpital de Vallegrande. Là, on visite le mausolée où le “Che” (mot équivalent à “mon pot”) a été enterré jusqu’en 1997 alors que ses restes ont été amenés à Cuba. Des pages d’histoire qui prennent place dans la réalité tout en conservant une part de mystère pour les plus de quarante ans que nous sommes ….
Notre vie communautaire a été fort agréable à Vallegrande étant tous regroupés au pavillon paroissial accordant tout l’espace nécessaire à la détente et aux loisirs. Nous avons bénéficié de la bonne cuisine “à la québécoise” de Lise et Lise, de Monique et Monique, de Madeleine, de Pierrette, de Ghislain, de Bruno, de Cecilia, de Clara et des autres.
Et les découvertes vont se poursuivre au Paraguay .. sur les traces de “Paí Rogelio” [2]comme ils disent là-bas.
Par Colombe Boisvert
2 avril 2008
1)Yvon Sabourin, président directeur général de Enfants de Bolivie
Tél.: 450-7630849. yvonsabourin@yahoo.ca
[2] En langue guarani, nom affectueux donné aux prêtres et qui signifie “petit Dieu”
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